17 septembre 2006

Flux et reflux

PAUSE…

Bon, nous y voilà, Ho Chi Minh ville, ex Saïgon, première relâche dans cette tournée de fou, première halte dans ce flux incessant, continuel, devenu quasiment quotidien et rituel depuis ce 5 septembre, ou, je ne sais qui, a appuyé sur cette touche PLAY :
voyage-montage-jeu-démontage, voyage-montage-jeu-démontage, voyage-montage-jeu-démontage, voyage-montage-jeu-démontage, allez,

PAUSE…

11 jours déjà qu’on est parti de la maison, 11 jours ça fait :

8 jours de travail pour les méchants technos
Soit 4 jours de travail + 4 au bord de la piscine « en petit pull Marine » pour les artistes et administrateurs (photos à l’appui, oui je sais je profite)
+
3 jours de voyage…

Le compte y est, pourtant j’ai pas compté, les journées aux lits (enfin entre le lit et les toilettes), le ventre vrillé, les heures non, les minutes au téléphone, à mailer, à chatter, à rédiger ce blog, les instants photos, les heures éparses de sommeil ; difficile de s’endormir quand il est vraiment 4 heure du matin ici, qu’il faut se lever dans 3 heures que notre corps dit stop, et que notre horloge biologique nous dit que non, non, non il est tout juste 22 h, pas de quoi fouetter un chat, normal il est dans son royaume ici, ( on trouve des chats partout… ) en quelque sorte…

11 jours, c’est aussi, 5 Hôtels, 5 espèces de maisons provisoires, différentes, dans lesquels on tente de prendre ses marques, sans pour autant avoir le temps de s’installer, (la valise n'est quasiment pas défaite), des habits sales qui s’accumulent, se mélangent aux autres pour certains, aux lessives, aux cadeaux, qu’on se fait, qu’on prépare pour ceux qui sont restés, « en métropole » qui suivent ou pas, notre aventure « ho la la quelle aventure les amis !!! » qui nous lisent, en ce moment même, la preuve, qui nous commentent avec plus ou moins d’assiduité, et pour notre plus grand plaisir, qui nous aident à entretenir ce lien, à garder le phare dans un coin de la tête…

Ce sont aussi des contrôles : « check in », « Check out » à l’hôtel, à l’aéroport, à la douane, à l’enregistrement des bagages (toujours irréel et improbable de toutes parts) , à l’immigration, des formulaires, des billets, des tickets d’embarquements, des numéros de vol, des numéros de passeport, des « date of issue », des « place of issue » (hein Titi), des chargements, déchargements, embarquements, débarquements, de bagages et de bonhommes, en voiture, en minibus, en taxis, en avion…

Ce sont également des repas (voir "repas de fête") à la pelle, ou plutôt à la baguette, qu’on nous sert sans fin, qu’on mange, parfois sans faim, (dans l’avion,pfff !!!) dans la rue, les restos, populaires ou raffinés, toujours différents et dépaysants comme leurs décors…

Et puis forcément « des visages, des figures » (oui, je sais), des mains serrées, des regards échangés, malgré cette P…. de barrière des langues, des sourires innombrables, des rires de nous trouver si différents, quelques prises de têtes, des plaisirs en partage, des bonheurs, des petits, des grands, des trouilles ( ah, les ballades dans les ruelles de Manille, la nuit), des angoisses, face à l’étendue des dégâts, parfois, des yeux qui brillent, des merci qui fusent, de la reconnaissance, de l’incompréhension, de la surprise, des découvertes, de part et d’autre, le regard envieux, la corruption à tous les étages, les trafics, leurs mains tendues, leurs bras sur mon épaule…
Je n’oublie pas l’impatience de ces « pauvres petits européens » qui perdent parfois de vue la futilité de leur action, face à la vie, face à toutes ces vies approchées…
Je n’oublierai jamais je crois, cette infinie patience, ce dévouement que l’on a tous lu dans le regard si clair, éclairci par tant de renoncement, peut-être, d’une mère dont l’enfant vit à jamais (?) emprisonné…

Tout ça pour quoi, je vous le demande : 4 représentations, 4 "séances de divertissement".
Que d’énergie, de conviction, de foi, de questionnement, … Je nous laisse méditer là-dessus.

Notre tournée est un peu comme, ces quelque villes de cette région du monde que l’on a effleurées…On y retrouve malgré leurs grandes différences, ce point commun qui nous saute aux yeux, à chaque arrivée dans la ville : Je veux parler de cette circulation incessante, de ces hordes de véhicules, toujours en mouvement, ces troupeaux d’âmes humaines qui circulent a vélo, à mobylette (décrétée transport en commun, si, si, à 5 c’est possible !!!), en moto, en auto, en pouce pouce, sans à-coup, sans heurts, d’un rythme lent et régulier, d’un flux incessant.
Une sorte de « convergence 1.c » (=1 point c’est tout (et oui j’ai osé))
Car en fait c’est bien de cela dont il s’agit, de ces trajectoires, qui se rapprochent des autres sans jamais se rejoindre, de ces flux de véhicules qui se croisent, qui devraient logiquement se heurter, qui semblent ne pas avoir conscience des autres, et qui, au final, poursuivent leur route ensemble pour un instant, avant de diverger, à nouveau….

Convergence en tournée: quand un flux de solitude en rencontre (ou presque) un autre.

« On est pas bien là, »


Sarto

ps: Le jour se lève sur Ho Chi Min City, Le flux un temps interrompu, reprend lentement son cours...

6 commentaires:

Unknown a dit…

Waouhw!
Il est magnifique,ton,texte,Christophe ! Très beau et vrai . Tellement . Tof exprime là très très bien ce qui se colle à ma rétine à tout jamais .
Veronika

Anonyme a dit…

Merci Christophe pour ce long texte émouvant dont la tonalité tranche un peu avec les récits précédents. On a l'impression que le déplaisir l'emporte sur le plaisir. Est ce la fatigue, l'état de santé, comment interpréter "on n'est pas bien là".
On sent également un questionnement sur l'utilité d'un tel voyage compte tenu de toute l'énergie dépensée : le jeu en vaut il la chandelle. Peut être déception par rapport à certaines attentes. Le projet était il trop ambitieux géographiquement, trop de déplacements et dans ce cas là les technos sont en première ligne...
Heureusement les quelques jours de pause vont vous permettre de prendre du recul.
En tous les cas les nouvelles photos sont superbes
et pour nous, votre voyage n'est pas inutile.

cieAdrienM a dit…

Je pense (pas sûr :-)) que le "on est pas bien là", méritais un point d'interrogation, il ferait dans ce cas là une référence à un fameux film français (dont je vous laisserais deviner le titre) :
"On n'est pas bien là ?... paisible... à la fraiche... décontracté du... "
(bon bon pas besoin d'en dire autant, tout le monde aura trouvé)
Et sa sémantique s'en trouve grandement changé !!!!
Adrien

Unknown a dit…

Oups, j'ai oublié le "?"
Babette, Je suis super ravi d'être là, charmé, vraiment, c'est grisant, agréable, enivrant, un délice pour la vie...
Je partage à 200 % les différents point de vue exprimés sur ce blog, je voulais juste exprimé un regard un peu décalé, (mais partagé par mes compagnons je crois), pour ne pas radoter.
Mon seul regret s'il doit y en avoir un, étant de ne pouvoir profiter plus à fond de notre expatriement, de ne faire que survoler, de ne pouvoir approcher la campagne qui semble si belle et pourtant si loin...
Tu as raison le repos va cependant nous faire du bien.

Anonyme a dit…

Veronik m'a enlevé les mots de la bouche : Magnifique ton texte Christophe .C'est vrai,comme le dis Babeth, votre voyage que vous avez souhaité partager avec nous, vos récits ,si beaux ,écrits avec toute votre sincérité, vos émotions , ça c'est un cadeau pour nous .Je continue de vous découvrir, de vous aimer encore plus ....!
Je sais, ce doit être fatiguant, et trés frustrant de ne pouvoir s'arrêter davantage,respirer et vivre plus longuement avec toutes les personnes que vous rencontrez.
Mais je suis sûre qu'à chaque spectacle,vous établissez le contact,que le plein d'émotions se fait entre vous et tous ceux qui viennent vous voir,vous écouter....Quelle belle aventure,même si elle est difficile! Mais qui a dit que çà devait être facile ! C'est la Vie,Oh combien riche de plaisirs,de difficultés et d'enseignements !!!!
Encore Bravo, chers technos,pour vos prouesses techniques,votre courage,votre patience (oui, je sais...)
Milles Bizzzzzzzz

Anonyme a dit…

merci pour cet émouvant carnet de voyages...il laisse place à bcp de sincérité, de regards, d'odeurs, de gourmandises, de larmes ds les yeux, de fatigue, d'ombres et lumières...
Profitez bien pendant que le doight est pausé sur la touche "pause"...
L'impatience pour nous lecteurs, d'un nouveau recit, de nouvelles émotions...
Je vous embrasse tres fort
marie